Je suis arrivé à 17h50 par train a la gare. J'avais le loisir de prendre mon temps à monter et à descendre les escaliers gigantesques dans cette correspondance montagnesque pour me rendre à temps à l'arrêt d'autobus. Je n'arrive jamais à comprendre ce qui passait dans la tête de ceux qui avaient construit cette station. Elle est grande, elegante, imposante mais impossible de traverser sans perdre haleine et sans places pour patienter. Il n'y a qu'un banc à l'intérieur de la station. Pourtant, j'ai ma place favorie où j'aime passer 10 ou 15 minutes debout en lisant avant que l'autobus arrive. Si j'avais la chance, je pourrais m'assoir sur le seul banc, mais souvent la station a trop de gens dans sa petite salle d'attente pour m'offrir une telle occasion.
Ce jour-là, j'avais le temps de lire un peu avant d'entreprendre la deuxième étape de ma rentrée. Puisqu'il faisait beau, il n'y avait personne d'autre dans la salle d'attente. Les gens préfèrent attendre sous le soleil où il peuvent fumer. Moi, je me rejouissais d'avoir un peu d'intimité. J'avais un bon livre et du temps à perdre. J'en étais content. Ma tranquilité n'a pas duré très longtemps.
De temps en temps, il y avait des gens qui passaient pour prendre les trains ou les autobuses. Je n'y faisais pas attention. J'avais le nez pointé dans mon livre. Par hasard, je me suis levé la tête au moment ou un jeune homme à la barbe de trois jours est entré dans la piece accompagné d'un employé. Je croyais q'ils se connaissaient, ou peut-être que le jeune homme venait de lui demander des renseignements. De toute façon ils semblaient se parler ou au moins, le jeune parlait. L'employé passa pour entrer dans une autre salle par une porte fermé à clef. Le jeune resta dans la salle d'attente avec moi. Nous étions les seuls. Pourtant, il continuait de parler.
D'abord, je croyais qu'il parlait à son téléphone portable. Plus d'une fois, j'avais croisé le chemin d'un solitaire dans la rue qui se parler et que je croyais fou jusqu'au moment où je m'apercevais de son petit portable branché à l'oreille. La technologie de nos jours est étonnante. Je ne pourrais jamais parler comme ça en public. C'est uniquement par discrétion. Je n'ai rien à cacher. Je suis trop timide de partager mes pensées avec des inconnus dans mon entourage. Alors, le jeune homme n'avait pas de problème à partager ses pensées avec qui que soit dans la station, et à ce moment, j'étais le seul chançard d'avoir cette oportunité-là. J'aurais pu m'en passer.
J'ai entendu quelques bribes de son dialogue inégal. Il donnait des répliques comme si quelqu'un lui repondait. Il disait des choses comme "..merci de venir à rencontre.. buvons un café ensemble.. je veux manger un sandwich.. emmene-moi.. j'ai faim.. nous pouvons mieux parler en mangeant..ecétera". J'imaginais qu'il attendait quelqu'un qui lui parlait par portable. Ce qui était facile à imaginer puisque ce type de situation arrive souvent à la gare!
J'ai jeté un coup d'oeil vers lui et comme d'habitude, j'ai évité de lui regarder droit aux yeux parce que je ne voulais pas l'engager dans une conversation banale et inutile, ou donner l'impression de l'observer.
Malheureusement il cherchait justement mon regard et il l'a trouvé. Il s'est levé le bra vers moi comme pour me saluer et j'ai vu qu'il avait une cafetière à la main à moitié rempli du café ou quelque chose qui le ressemblait. Il portait des jeans usés et un t-shirt sans manche. Je croisais qu'il ne faisait pas si beau pour se vêtir aussi légèrement. Autrement il me semblait correct. Il suivait son dialoque inégal, "...buvons un café, nous pouvons parler...etc." Je me suis rendu compte que peut-être me parlait-il, puisqu'il me regardait et pourtant je n'en étais pas certain. J'ai pointé mon nez vers mon livre en faisant semblant de ne pas l'avoir entendu.
Il s'est approché de moi et assis à mon côté sur le banc. Je trouvais difficile de croire qu'il me parlait parce qu'il parlait sans cesse et répondait comme si quelqu'un lui parlait à son tour. Il devait être au téléphone. Il continuait "au debut, tu me semblais bizarre mais maintenant que nous nous connaissons plus, je t'aime bien... allons prendre un sandwich.. j'ai faim.. achète-moi un foutu sandwich.. etc". J'étais gêné qu'il parlait au téléphone à côté de moi. Je le trouvais impoli. J'essayais de ne pas lui faire attention. C'était difficile.
La situation est devenue plus difficile à supporter lorsqu'il s'est courbé vers moi et commença à me chuchoter à l'oreille, "allons-nous-en.. achète-moi un foutu sandwich.. tu es bizarre de ne pas me parler.. nous nous connaissons bien, je t'aime bien mais tu me dois un foutu sandwich.. etc". Il a dit des choses beaucoup plus offensives que cela, mais ce n'est pas la peine de tout repèter. Je me suis levé comme un ressort, et je me suis dirigé vers la porte d'entrée. Lui, aussi, il s'est levé aussi rapide que moi et il m'a suivit. Je me suis tourné vers lui et j'ai presque l'impression qu'il plaisantait parce qu'il me sourirait. Je lui dit, "Bonjour". Il m'a tapé sur l'épaule et me donné un geste avec sa pouce comme pour me dire que tout était cool. Je lui ai presque demandé si c'était une blague de quelque sorte. Je ressentais la colère montait en moi, mais je ne voulais pas le confronter. Qui savait comment réagirait-il? Je me suis dit qu'il était soit sous l'influence de quelque chose soit fou à lier.
Tout n'était pas cool. Je me suis tourné vers le guichet où travaillait un employé. Le jeune homme m'emboitait le pas et ne cessait de me parler. L'employé qui nous observait me demanda "Ca ne va pas?". Je lui répliqua, "non, ce jeune homme me dérange; je ne le connais pas du tout mais il me parle sans cesse et il dit n'importe quoi. Je ne sais pas ce qu'il veut..de l'argent ou quoi." L'employé qui était un grand homme noir ressemblant à jouer professional de football américain à la retrait, est sortit de sa salle du guichet pour s'approcher au jeune homme. Sans perdre du temps, il l'emmèna doucement en dehors de la station. Par la fênetre, je les observais en conversation intense et à ce moment, j'ai aussi vu mon autobus arriva.
Je suis sorti pour prendre mon autobus. J'ai dû passer par les deux hommes en dialoque. Ils se sont tournés vers moi comme pour m'interroger. Je leur ai expliqué, "Mon autobus vient d'arriver. Je rentre". Le jeune homme s'éloigna de l'employé pour me suivre dans l'autobus. Il est monté avec moi en parlant comme s'il me connaissait bien. J'ai passé mon passe-partout par la fente pour payer mon voyage et j'ai pris un siège près du conducteur. D'habitude, je prends place plus en arrière pour laisser libres les places devant pour les autres. Pourtant ce jour-là, j'avais un problème à mes talons. L'homme entra sans payer son voyage et aussitôt le conducteur lui demanda s'il voulait prendre cet autobus. J'exclamai pour bien expliquer que je n'ai jamais vu ce jeune homme dans ma vie. Je voulais laisser claire que j'avais aucune responsibilité pour payer son voyage. L'homme s'est assis en face de moi sans avoir fait attention au conducteur et il me regardait en bavardant comme si nous étions de bons amis, "Quand nous arriverons chez nous? Nous pourrons manger bientôt? J'ai vraiment faim", poursuivait-il son monologue dans sa voix basse et incessante.
L'employé du guichet monta dans l'autobus. "Tu dois venir avec moi," lui dit-il dans une voix firme. "Allez, venez, je dois te parler." Il prit le jeune homme par le bras et l'emmena doucement en dehors et le conducteur les suivit pour fournir des renforts. J'ai soupiré avec soulagement. Je me suis rendu compte de la tension dans mes muscles au dos. J'ai essayé de me détendre. Les autres dans l'autobus ne faisaient pas grande attention. J'ai jeté un coup d'oeil par la fênetre et j'ai vu les trois hommes en cercle; en plaine discussion. Je suis retourné à lire mon bon livre comme si rien n'y était. Cinq minutes plus tard, le conductuer monta dans l'autobus et nous étions en marche.
Je suis rentré près de 18h30 ce soir-là. J'avais envie de renconter cette petite histoire à ma femme et je m'imaginais le lui dire en riant parce qu'après la tension, une telle situation pouvait sembler comique. Ce n'était pas la première fois que j'avais rencontré dans le transport public des gens intoxiqués ou sans toute leur raison. Ces choses-là arrivent parfois dans une grande ville comme la nôtre. Une fois, il y avait un homme intoxiqué dans l'autobus qui croyait que le conducteur s'est perdu en chemin. Il essayait en vaine de lui expliquer qu'il s'est trompé de route et ils se dirigeaient dans le mauvais sens. Avec beaucoup de patience, le conducteur l'a fait descendre de l'autobus à la gare où il l'a fait emmener par un autre employé pour lui montrer le bon train à prendre.
En notre salon, ma femme était en train de regarder les actualités à la télé. Elle s'est lêvée comme un ressort pour fortement m'embrasser lorsque j'entrai dans la pièce . "Oh je me faisais des soucis pour toi après avoir regardé les actualité!" dit-elle. "J'ai vu à la télé qu'ils venaient d'mettre en arrestation un jeune homme à la gare. Ils disaient qu'il était sous l'influence des drogues et qu'il avait poingardé sa femme et son bébé cette après-midi! Les pouvres victimes n'ont pas survécu l'aggression!" "Ah oui, quand s'est-il passé cet événement?" je lui demandai avec consternation. "Ils ont effectué l'arrestation à environs 18h00, et j'ai pensé à toi parce que tu descends du train à cette heure-là n'est-ce pas?" me dit-elle. "Oui, en effet, " je lui ai répondu et j'ai commencé à lui reconter mon petite histoire qui ne semblait plus très comique.